Assassinat du leader syndical Pierre Alessandri en Corse : L’impunité doit cesser !

Secrétaire général de la Via Campagnola, syndicat agricole membre de la Confédération paysanne, Pierre Alessandri, a été assassiné. a été assassiné le 17 mars, au crépuscule, de deux balles mortelles dans le dos. Il n’y a pas eu de revendication.
Cet assassinat a eu lieu quelques semaines après que son syndicat soit devenu majoritaire en Corse suite aux élections aux Chambres d’Agriculture.
Pierre Alessandri dénonçait depuis des années avec force les dérives de l’agriculture corse.
Siégeant durant de nombreuses années en Safer – instance collective où se décide l’attribution du foncier – Pierre Alessandri n’a jamais cessé de dénoncer la spéculation sur les terres agricoles. « Il s’était aussi dressé courageusement contre les fraudes aux aides Pac, système corrompu qui permettait à quelques-uns de se remplir les poches. Il réclamait simplement un système juste pour tous les agriculteurs et agricultrices corses », témoigne Laurence Marandola de la Confédération paysanne.
« Cette tragédie s’inscrit dans un climat de pratiques mafieuses et corruptives qui gangrènent le territoire corse et mettent à mal l’État de droit », estime l’association française Anticorruption Anticor, qui ajoute : « Combattre pour l’intérêt général ne devrait pas coûter la vie. »
Il avait déjà fait l’objet de nombreuses menaces et, en 2019, sa distillerie avait été détruite par un incendie criminel. Il avait alors déclaré à la presse : « Nous agriculteurs, on est maintenant quasiment en première ligne sur la spéculation foncière. Et lorsqu’on se met un peu en travers, globalement y a une personnalisation systématique de la part d’un système ’’mafieux’’, d’un système “occulte”” qui est très efficace pour ce qui est de, on va employer un terme un peu fort, “terroriser” un certain nombre d’acteurs économiques. »
Ces assassinat a provoqué de nombreuses réactions de soutien, mais le gouvernement français s’est très peu manifesté, à l’exception de la Ministre de l’Agriculture. La Confédération paysanne s’indigne de l’absence de réaction d’autres membres du gouvernement. Ni Gérald Darmanin, ministre de la Justice, ni Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, n’ont fait de déclaration à ce sujet.
« On est face à l’assassinat d’un responsable syndical en activité, et on n’a aucune réaction publique. Ce silence est effarant. Il n’y a eu aucune parole dans l’hémicycle », dénonce Laurence Marandola. « Son assassinat est un coup porté à la démocratie, à la parole libre, à l’engagement en faveur d’une terre que tant d’intérêts contraires cherchent à accaparer. Il faut que l’enquête avance et aboutisse. » Cet assassinat est le quatrième depuis le début de l’année en Corse.
Source : Basta! le 25 mars 2025 https://basta.media/silence-Etat-meurtre-Pierre-Alessandri-agriculteur-syndicaliste-militant-anti-mafia-en-Corse